[review comics] Crise d’identité

IdentityCrisis_couv_20190911Dans quel format je lis ça : Cette mini-série en 7 épisodes est parue d’août 2004 à février 2005 aux États-Unis. De notre côté de l’Atlantique, elle a d’abord été publiée par Panini dans les kiosques Batman / Superman #1 à 4 de septembre 2005 à mars 2006, puis regroupée dans l’album Identity Crisis. L’éditeur Urban Comics l’a enfin ressortie sous l’intitulé Justice League – Crise d’identité, après avoir récupéré les droits DC pour la France. J’ai opté pour le format kiosque, ayant dégoté les quatre numéros au fur et à mesure de mes fouilles dans les bacs d’occasions des revendeurs BD. À noter qu’aux US, la mini-série a été accompagnée de multiples tie-ins : Flash (v2) #213 à 216, Manhunter (v3) #2 à 5, Firestorm (v3) #1 à 6 et surtout JSA #67 que les éditeurs français ont jugé comme étant le seul indispensable au reste de l’événement.

Des prérequis ? J’aurais tendance à dire aucun, mais la dernière personne à qui j’ai recommandé ce comics m’a régulièrement demandé « et lui/elle, c’est qui ? ». Donc je suppose qu’un minimum de connaissance des personnages DC peut être utile, sans qu’une histoire en particulier se détache. Peut-être lire le début du run de Grant Morrison sur la JLA pour resituer l’équipe dans son contexte. Savoir aussi qu’au début de Crise d’identité, c’est Wally West qui se trouve sous le costume de Flash, et Kyle Rayner qui représente les Green Lantern dans le Secteur 2814, au lieu d’Hal Jordan « réincarné » à cette période-là dans la peau du Spectre.

Le pitch : Alors que l’homme élastique Ralph Dibny patrouille sur les toits d’Opal City en tant que réserviste de la JLA, sa femme Sue est victime d’une agression fatale à domicile. Sous le choc, l’ensemble de la communauté super-héroïque se mobilise pour trouver le coupable. Et leur enquête fait remonter des événements que certains auraient aimé garder secrets…

ic1_igotyou2

Ce que j’en ai pensé : Je n’irai pas par quatre chemin. Ce comics est indispensable. Et la relecture ne fait que confirmer ce ressenti. Tout y est maîtrisé du début à la fin. Sur le scénario tout d’abord, Brad Meltzer fait des merveilles, percutant sur sa narration, présentant les personnages en un ou deux qualificatifs au début de chaque séquence. Auteur assez rare du côté des comics, il a tout de même obtenu un Eisner Award pour son Justice League of America #11 en 2008, mais a semble-t-il préféré consacrer sa carrière à l’écriture de romans, voire de scénarios pour le cinéma.

Et ce talent pour l’écriture transpire dans Crise d’identité. Monté comme un véritable thriller, on suit les étapes de l’enquête au fil des différents retournements de situations, sans oublier de caractériser les personnages centraux : Ralph Dibny bien sûr, mais également Green Arrow, Wally West et même Captain Boomerang. Contre toute attente, Meltzer maîtrise les codes de l’univers DC, jouant notamment d’un parallèle entre le sage Kyle Rayner et le fougueux Wally West, alors que l’on prête normalement ces traits de personnalités – mais en inversant les rôles – à leurs prédécesseurs Hal Jordan et Barry Allen !

ic2_enquête_extrait

Côté visuel, les dessins de Rags Morales (Action Comics, Nightwing…) alternent entre le très beau et le parfois un peu… disons, difforme. Ce qui fonctionne très bien pour retranscrire la perte de contrôle de son propre corps par L’homme élastique a plus de mal à passer quand il s’agit d’autres personnages, par exemple sur la proportion ou le mouvements du cou de Clark Kent / Superman dans plusieurs cases des premiers épisodes. Mais ça reste à mon sens le seul bémol de l’histoire. Et il faut préciser que Morales ne s’est pas simplifié la tâche en s’inspirant d’acteurs hollywoodiens pour donner un visage aux protagonistes d’Identity Crisis, comme Brad Pitt pour  Wally West, Johnny Depp pour Nightwing, ou encore Ron Jeremy (oui, celui-là) pour Captain Boomerang

Sur la mise en scène en revanche, c’est un sans faute. Le découpage des cases est intelligent, avec une bonne utilisation du vide et des noirs autour d’un élément central, rendant certains passages très percutants. L’émotion sera d’ailleurs au rendez-vous à plusieurs reprises lors de la lecture, avec des séquences qui resteront gravés dans la continuité DC, comme celle dédiée au père de Tim Drake. Incontournable, vous dis-je !

ic3_light

Enfin, si vous hésitez encore sur le format, vérifiez que la version que vous souhaitez vous procurer comporte un contenu éditorial digne de ce nom. Les kiosques de Panini nous gratifient par exemple d’une vingtaine de pages sur les coulisses du comics, du « casting » des personnages à la dissection des cases, en passant par les moments favoris de chaque intervenant sur la série. Ultra-intéressants, ces bonus permettent de saisir de nombreuses subtilités qui échappent facilement au lecteur, comme l’importance de l’angle de vue dans les cases (« caméra » en contre-plongée, au plafond…), renforçant la puissance quasi cinématographique de cette oeuvre.

Pour la petite histoire : En 1993, à Boston, l’auteur Brad Meltzer a été en collocation avec Judd Winnick, autre grand nom des comics ayant notamment travaillé sur Batman, Catwoman et Green Arrow. Meltzer travaillait en journée aux ventes d’un magazine de jeux vidéos et consacrait la nuit à l’écriture de sa première nouvelle.

Ma note : 5

Je lis ça en écoutant : Le punk-rock mélo mid-tempo et emo as fuck des anglais de Basement, avec le morceau Disconnect extrait de leur dernier album Beside Myself.

6 commentaires

  1. Ce récit est incroyable ! Je l’ai pris car je cherchais particulièrement un récit complet sur la JLA. Avant cela, j’ai bien évidemment lu les différents retours de celui-ci mais je ne m’attendais pas à une telle claque.
    Batman a un vrai de détective et il est au second plan.
    Une vraie remise en question sur le statut quo de la justice league.
    Ollie m’a fait énormément rire.
    Un vrai polar qui nous tient en haleine du début à la fin.
    Merci pour ce retour.

    J’aime

    1. Oui, un de mes récits favoris de la Justice League. Une vraie enquête avec plusieurs bons twists, tout en permettant de redécouvrir des héros secondaires. Y’a pas à dire les comics DC des années 2000-2010 c’était vraiment qualitatif !

      J’aime

Laisser un commentaire